Maintenant, la grande question : le point commun de tous ces projets artistiques? Évidemment, c’est mon enthousiasme dans l’expression verticale.

C’est quoi le fond?

Chaque création est nourrie d’une volonté ardente à exprimer un sentiment ou un état d’esprit pour que je puisse le partager à l’humanité.

Exprimer l’Homme dans toutes ses façons, ses émotions et ses pensées.
Comme une longueur d’onde, j’ai des hauts et des bas, émotionnels et psychologiques. Même les arbres gèlent, l’hiver.

Dans la vie, nos émotions et pensées se nourrissent mutuellement et évoluent rapidement. En création, je raconte une histoire humaine, et elle évolue rapidement : une émotion en entraîne une autre, une pensée nous fait vivre une émotion, et on recommence.

Avec Sang Cible, j’utilise la poésie et les détours artistiques pour exprimer cette histoire humaine. Quand c’est trop évident et direct, on se bute au jugement, et on ne vit pas l’émotion ou le sentiment. En bon Québécois, on dit que c’est quétaine.

Lire des ouvrages psychologiques, philosophiques et métaphysiques de même que suivre des formations artistiques continues m’aide à cerner et exprimer la condition humaine.

Tous les sentiments doivent être vécus. C’est difficile, parfois, mais on vit mieux ensuite. On ne peut pas toujours être joyeux, énergique, enthousiaste… Je côtoie la peur, la colère, la tristesse et le dégoût dans toutes leurs déclinaisons.

Ainsi, Charlie-Magie exprime la joie, le cœur des enfants et la magie des fêtes, alors que Rose Ilona exprime l’excitation, la confusion et l’avidité.

La sonothérapie me permet de revenir à mon optimisme naturel. Elle accorde mon appareil vocal pour que le souffle et la voix – développé en pratique éternelle et en stage avec Danielle Carpentier – expriment les extrêmes émotionnels.

La médiation culturelle m’aide à vivre en relation avec les gens et à ressentir leurs émotions. Elle me permet d’observer les émotions et pensées des autres lorsque je m’exprime par la musique.

Pour que les sentiments désagréables passent, il faut les vivre. Avec Sang Cible, j’éprouve beaucoup de plaisir à exprimer des états lourds pour que, par résonnance comme en sonothérapie ou par catharsis comme avec Aristote, les gens vivent ces états lourds et passent à autre chose. Libération.

Par principe de résonnance, l’art devient un médium libérateur pour moi et pour l’autre qui déconstruit certains schémas pathologiques : la surconsommation, le manque d’amour de soi, l’autocritique excessive, l’épuisement, etc. Ces schémas proviennent de l’anxiété et la dépression, souvent issus de peurs inconscientes et de la méconnaissance de soi. D’où la condition humaine comme thème central dans mon œuvre.

Mais pourquoi je fais ça?

Exprimer l’harmonie d’un état – assumer son état – ou sa dichotomie – la division entre l’état et l’être qui la vit – permet de ressentir cet état harmonieux ou non.

Lorsque je vois combien le monde souffre de sa propre ignorance – l’ignorance qu’on ignore son état – je me dis : je dois aider les gens à vivre dans l’harmonie. Elle est parfois désagréable, mais au moins, transparente et digeste.

Cette double ignorance se loge aussi dans nos réflexes cérébraux, qui créent l’anxiété et la dépression. Avoir peur d’avoir peur, ou bien être à boute, comme on dit.

Sang Cible exprime la condition humaine : elle est vibrante, houleuse, douloureuse, merveilleuse, mais elle est.

Tous mes efforts s’orientent à ressentir et à exprimer la verticalité de l’humain pour vivre en harmonie avec soi-même et son environnement. Je souhaite transmette cet apprentissage perpétuel et oh combien harmonieux pour l’être par l’expression et la réception d’une œuvre.

J’exprime mon humanité par mes projets créatifs : Sang Cible, Rose Ilona and Charlie-Magie. Et j’aime ça! Je me connais, me reconnais, et reconnais l’humain en tout un chacun

Je deviens plus tolérant lorsque je permets d’être vulnérable et humain. La démarche du cœur pour que les cœurs s’ouvrent : on se reconnaît comme humain, on accepte nos hauts et nos bas, et on accepte les autres comme ils se présentent.

Lorsque j’anime des ateliers en médiation culturelle, le rapport relationnel devient plus intime. J’observe l’humanité des familles, la joie des enfants, l’hésitation des parents : je me reconnecte à mon humanité que je transpose en création et dans ma vie.

Rose Ilona propose des chocs nerveux pour déconstruire des mauvais réflexes cérébraux. J’y exprime aussi des écarts entre l’alignement vertical pour constater qu’on n’est pas aligné, justement. Allume, comme on dit, mais sans être provocateur.

C’est pourquoi je sors du sentier artistique conventionnel pour offrir des prestations variées, créer avec d’autres artistes, animer pour différents publics, intervenir en entreprise, et vivre verticalement dans tous mes états avec l’humanité.

Et comment ça se passe, en création?

J’exprime la verticalité ou la non-verticalité – consciemment – de mon être dans tout projet. Selon nos occupations, nous exprimons, dans notre société hyperspécialisée, un ou quelques centres énergétiques à la fois.

Pour mieux comprendre, l’expression horizontale est le travail d’un centre énergétique poussé à ses limites. Le travail physique intense (construction, travail extérieur), le travail de bureau (les écrans), le travail relationnel (éducatrice, enseignante), le travail des soigneurs (infirmière, thérapeute) sont tous des emplois qui préconisent certains centres énergétiques.

Dans certains projets, artistiques ou non, j’exprime davantage l’horizontalité de certains centres :

• Le jeu enfantin, parfois clownesque, et la voix avec Charlie-Magie
• L’écoute, les sons, le dessin et la vidéo avec Rose-Ilona
• Le mouvement, la technique et le clown avec les ateliers d’éveil musical
• Le travail corporel et l’enracinement avec la sonothérapie
• Le travail physique et l’observation du vivant dans mon verger

Bien qu’ils préconisent quelques centres, ces projets deviennent verticaux. J’évolue constamment, je retourne en forêt et au verger, je retourne au studio. Puis, la vie m’incite à matérialiser ma création par différentes collaborations et modifications artistiques.

Alors, qu’est-ce que l’expression verticale?

C’est la vibration de tous les centres énergétiques d’un être en un moment donné.

Pour d’autres projets, j’exprime davantage la verticalité de mon être :

• Le mouvement, la technique, le cœur, la voix investie, les textes, la musique et l’intuition avec Sang Cible
• Le mouvement, la technique, la parole, le clown, l’interaction et la musique avec les musical tale

Mes formations continues contribuent à l’expression verticale : les techniques du chanteur moderne avec Allan Wright, le corps conteur avec Alexis Roy ainsi que le souffle et la voix avec Danielle Carpentier. Et plusieurs autres, dans différentes disciplines, pour que l’expression soit verticale, de même que les collaborations et ma vie personnelle (famille, amis, verger, exercice).

Dans toute création, j’explore les dépendances entre mes centres énergétiques. J’ai ce genre de questionnement dans ma vie quotidienne :

• Quelle émotion, vibration, sensation physique et pensée jaillissent de mon être quand j’exprime une création?
• Qu’est-ce que moi ou l’autre ressentons dans son corps, dans son centre émotionnel ou dans sa pensée cartésienne lorsqu’il écoute ou regarde une œuvre donnée?
• Comment engager tous mes centres énergétiques avec un dosage harmonieux qui sert le créateur (moi), la création (l’œuvre) et le récepteur (l’autre)?

Ainsi, j’observe mes propres réactions en écoutant et revisitant mes créations en cours ou terminées. Est-ce que je dois y inclure davantage de corporel, d’émotionnel, de relationnel, de technique, de créatif, d’amour, d’expression ou de vide? Est-ce que Dieu se manifeste par l’expression et la création?
Selon mes questionnements, je travaille différents volets en création :

• Jouer avec les mots : choix du vocabulaire et de leur interprétation
• Travailler sur l’interprétation : technique, nuance, articulation, doigté
• Libérer l’animal : mouvement, tension, relâchement, posture
• Utiliser d’autres instruments d’expression : musique, parole, corps
• Varier mes disciplines : musique, clown, dessin, vidéo, art dramatique, danse, écriture
• Ressentir des émotions : stimulation, expression, va-et-vient entre moi et l’œuvre
• Miser sur l’autre : interagir, questionner, observer
• Écouter les réactions : moi et l’autre

Enfin, aller vers d’autres artistes ou créateurs me permet d’évoluer dans ma démarche, tout comme reconnaître que je ne sais pas : j’utilise le concept de double ignorance avec moi-même!

Finalement, je fais quoi?

J’exprime la condition humaine – sentiments et émotions – parfois assez simple, parfois complexe, surtout lorsqu’ils sont bien ancrés dans nos schémas cognitifs par la double ignorance, dans toute ma verticalité ou non, en connaissance de cause, afin que l’humanité, toute comme moi, reconnaissance sa condition humaine, s’harmonise et devienne tolérante envers soi-même et autrui.